De Dolomieu à Dakar – Une aventure en bikepacking !

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Je ne sais pas exactement à quel moment nous avons décidé de grimper sur nos vélos pour ce long voyage de Dolomieu à Dakar au Sénégal, mais voilà, nous y sommes : nos vies compactées sur deux roues (enfin trois pour Ben avec la remorque) et déjà à mi-parcours de notre grande aventure. Après 76 jours sur la route, nous venons de franchir la barre des 3 000 km à Vila de Nova Milfontes, une petite ville au sud de Lisbonne.
Avant de continuer, quelques présentations. Moi, c’est Laura et voici Ben. Enchantés ! Originaires de la Surfcoast à Victoria, en Australie, nous avons passé ces dernières années à jongler entre le travail et nos passions pour l’outdoor, l’environnement et le surf dans des endroits reculés.

En janvier 2024, nous avons quitté notre chez-nous pour entreprendre un voyage de grande envergure, de l’Antarctique à l’Afrique. Cette mise à jour raconte notre périple à vélo – de la France à l’Afrique.
Notre plan : traverser la France en VTT pour rejoindre la côte atlantique, puis suivre l’océan pour atteindre le Sénégal. Plus de 7 000 km, avec tout notre équipement pour la route. L’objectif était simple : s’immerger dans la nature, surfer, créer des liens authentiques avec les personnes rencontrées en chemin et explorer bien au-delà des sites touristiques typiques jusqu’à la côte africaine.
Quelques statistiques de notre aventure :
- au moins une baguette par jour, 150 croissants et bien plus de fromage et yaourts que nous ne pouvons l’avouer.
- 5 crevaisons pour Ben contre 0 pour moi (pourvu que ça dure !)
- des changements de chaînes pour chaque
- 1 nouveau jeu de roulements dans le moyeu arrière et 1 dans le boîtier de pédalier pour Ben
- 3 000 km parcourus (presque à mi-chemin !)
- 28 000 m de dénivelé accumulé et des muscles bien mérités...
- 1 épisode d’intoxication alimentaire pour Ben et moi
La France

Notre voyage a débuté le 14 août à Dolomieu, ville natale de la famille de Ben, proche des Alpes françaises. Traverser le centre de la France a été une introduction magique au bikepacking, grâce à une température quotidienne autour de 25 degrés, un vent doux, de nombreux cols à gravir et des boulangeries à foison pour alimenter nos efforts.
Nos nuits ? Du camping sauvage dans les champs, des dîners préparés sur les planches de surf en remorque, suivis de rapides lavages avec de l’eau récupérée dans des cimetières ou des ruisseaux et un savon pour le visage (les fermiers ont dû adorer voir ça). Nous sautions enfin dans nos sacs de couchage à la nuit tombante. Nous avons traversé des villages idylliques et longuement discuté avec leurs habitants, car nos planches de surf sur la remorque de Ben attiraient beaucoup d’attention. Nous avons cueilli des poires, prunes, pommes et des figues bien mûres dans les arbres au bord de la route et avons eu à partager nos siestes au soleil avec de nombreux lézards.
Les magnifiques paysages français, riches en histoire et culture, ont nourri nos esprits tout autant que nos corps. Pendant ces premières semaines, mes pensées ont oscillé entre la peur de l’inconnu et des élans de pure joie. Ma famille me manquait, je m’inquiétais de ce qui pourrait nous arriver pendant le voyage, puis soudain, je ressentais un immense sentiment de liberté, au point de pousser des cris de bonheur. Souvent, je voyais Ben lever les bras en signe de triomphe à l’approche d’un superbe panorama ou au sommet d’une longue montée. Voyager à un rythme plutôt lent permet de vivre pleinement l’instant présent, de nous connecter à nous-mêmes et à notre environnement. Je me sens incroyablement chanceuse et reconnaissante de pouvoir vivre tout ça.
C’est près de la ville du Puy-en-Velay que nous avons croisé les premiers pèlerins empruntant le Camino de Santiago.
Le Camino, ou chemin de Saint-Jacques, est un réseau ancien de pèlerinage à travers l’Europe menant au tombeau de Saint-Jacques à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne. Son origine remonte au IXe siècle, après la découverte du tombeau. Les chemins y menant partent de multiples points à travers l’Europe et la coquille Saint-Jacques, symbole emblématique du pèlerinage, est omniprésente. Peinte sur les arbres, les trottoirs, les carreaux et les panneaux, elle guide les voyageurs. Depuis Le Puy-en-Velay, nous avons suivi le Camino del Norte, qui traverse les villes côtières du Pays basque, de la Cantabrie et des Asturies en Espagne avant de s’enfoncer dans les terres jusqu’à Santiago. Chaque jour, nous croisions des pèlerins, c’était tellement chaleureux ! Nous échangions des sourires, un petit « bonjour » ou « bon camino », parfois accompagnés de regards surpris et de voix s’exclamant « une planche de surf ? ». Puis toute cette animation s’évanouissait au loin alors que nous filions sur nos vélos.
En approchant la côte Atlantique, pédalant dans le petit matin encore sombre, nous avons été surpris par un orage électrique d’une intensité impressionnante, mettant nos nerfs et notre équipement à rude épreuve. Les éclairs illuminaient le ciel, chaque grondement de tonnerre résonnait dans nos corps et une pluie torrentielle s’est abattue. Nous avons dû nous abriter, nerveux, en attendant la fin de la tempête, puis nous avons repris notre route vers l’océan. Arriver à Biscarrosse, renommée pour son surf, a été un véritable choc ! Après trois mois sans surfer, nous étions surexcités, prêts à plonger dans les vagues, tels des enfants dans un magasin de friandises ! Mais nous avons été dépassés par la foule dans l’eau, les gigantesques terrains de camping (certains pouvant accueillir jusqu’à 4 500 personnes) et le peu d’options pour le camping sauvage. Vraiment une grande différence avec le calme des villages du centre de la France. Mais tout de même, enfiler nos combinaisons et surfer les vagues de l’Atlantique français a été un pur délice. Plonger sous la surface a instantanément effacé tous les soucis.
L’Espagne

La côte nord de l’Espagne a révélé sa beauté brute, ses pentes abruptes et ses conditions météorologiques imprévisibles. Certains jours, je serrais le guidon, les jointures blanchies, priant pour que les vents furieux ne me poussent pas sur les voitures. D’autres, nous arrivions dans une albergue (auberge locale) trempés jusqu’aux os, les cheveux plaqués, les shorts détrempés et les doigts ridés comme des pruneaux. Cela devenait un peu fatigant, mais nous n’avons jamais perdu le sourire.
Les rares jours de soleil, nous pédalions sur des routes et des sentiers paisibles longeant la côte, bordés de grands gommiers diffusant leur doux parfum d’eucalyptus. Cela nous rappelait presque Great Ocean Road à la maison.
À vélo, nous avions la chance d’être connectés à la nature : l’odeur des figues mûres, les châtaignes jonchant le sol et le soleil tiède sur nos dos. Toutefois, ce mode de déplacement a également mis en lumière l’impact humain sur l’environnement. Les détritus abandonnés au bord des routes par les automobilistes, les décharges illégales sur des sentiers reculés, les fumées persistantes des voitures et usines ou encore les eaux brunâtres imprégnées de pollution nous rappellent la fragilité de notre planète. On voit même de nouveaux sites de construction juste à côté de bâtiments abandonnés. Bikepacking est une expérience à la fois confrontante et révélatrice.
Chaque coup de pédale offre le temps de réfléchir. C’est sur la côte nord de l’Espagne que Ben et moi avons beaucoup échangé sur l’importance de se connecter aux personnes qui nous entourent. Oui, nous savons tous que les relations humaines sont essentielles, mais pour nous, cette vérité a pris un sens plus profond. Le contact avec les autres est aussi fondamental que la nourriture et l’eau pour notre bien-être. L’exprimer nous l’a confirmé. Un simple signe de la main, un sourire ou le « bonjour » d’un passant suffisent à illuminer notre journée. Certaines villes, peu engageantes à première vue, devenaient mémorables grâce aux interactions humaines, tandis que des endroits idylliques peuvent sembler vides sans cette connexion.
Tout au long du Camino, nous avons fait l’expérience de liens authentiques et de gestes généreux.
- Des dîners partagés dans la cuisine commune d’une albergue, où les histoires émouvantes des pèlerins, souvent liées à des actes de gentillesse, nous ont parfois mis les larmes aux yeux.
- Des bières ou schnaps savourés avec des couples de retraités dans les campings retraçaient leurs expériences et nous apportaient leur sagesse.
- Les hôtes de Warmshower (communauté de cyclistes en ligne) offrant leurs repas faits maison et mettant nos vélos et la remorque dans leur salon.
- Gisle, de Norvège, nous faisant signe de quitter la route pour nous offrir une bière, du Jaggermeister et un déjeuner, suivi d’un dîner ensemble au camping local.
- Serge, un cycliste de 84 ans parcourant 5 000 km chaque été à travers l’Europe et à la rencontre de la vie sauvage et la route avec une énergie débordante : à midi, il avait déjà parcouru 100 km.
Le Portugal

Un pays magique, avec ses côtes spectaculaires, ses bâtiments carrelés, ses mandarines acidulées fraîchement cueillies et ses chaleureux habitants. Quel endroit enchanteur ! Alors que nous séjournions dans un dortoir de 9 lits, entourés d’étrangers – coincés sur des couchettes à trois niveaux – nous avons souffert d’une terrible intoxication alimentaire. Cela ne nous a toutefois pas empêché de profiter, au maximum et avec plaisir, de notre séjour ! Le soleil brillait, le vent et la houle étaient favorables, offrant des matinées parfaites pour rouler sur des pistes de gravier, les après-midis étant dédiés au surf.
Nous poursuivons maintenant notre voyage, lentement, vers le sud jusqu’à Sagres, avant de bifurquer à l’est en direction de Tarifa, où nous prendrons un ferry pour le Maroc mi-novembre. Nous y ferons sans doute une pause de quelques semaines. Début janvier, nous traverserons le Sahara occidental et la Mauritanie, jusqu’à notre destination finale : Dakar, au Sénégal.
Un aperçu de notre routine quotidienne
Avant de partir, nous rêvions de soirées dédiées à la lecture, au yoga et à la méditation après de longues journées de vélo. La réalité s’est révélée un peu différente, surtout avec les jours plus courts à l’approche de l’hiver.
Voici à quoi ressemble notre journée typique :
6 h 30 : réveil et début du rangement de notre tente et matériel. Chaque objet a sa place sur les vélos, mais cela prend entre 1 h et 1 h 30 pour tout mettre en place ! Petit déjeuner à base d’avoine, noix, banane, yaourt, beurre de cacahuète et cannelle. Miam !
7 h 45 : départ à vélo sur l’air de « On the road again » de Willy Nelson. Nous pédalons 15 à 20 km avant de chercher une boulangerie/panaderia locale pour une deuxième dose d’énergie.
12 h 30 à 13 h 30 : pause déjeuner dans un endroit agréable. Notre repas typique ? Une baguette garnie de tomates, concombres, fromage et pesto, accompagnée d’un fruit et de quelques biscuits sucrés.
15 h à 16 h : après avoir parcouru entre 50 et 100 km, nous cherchons un endroit pour dormir. En cas de fortes pluies, nous optons pour un hébergement, car nous évitons autant que possible de ranger une tente détrempée dans nos sacs.
17 h : installation de la tente, lavage à la main de nos vêtements, entretien des vélos, planification de l’itinéraire du lendemain et préparation du dîner. Nos repas du soir se composent souvent d’une salade copieuse, de légumes mijotés avec du couscous ou d’une grande assiette de pâtes au pesto agrémentée d’une bonne dose de fromage. À la tombée de la nuit, nous retrouvons nos sacs de couchage pour nous préparer à une nouvelle aventure ! Nous avons naturellement adopté des rôles distincts au fil du temps, ce qui a facilité notre routine et donné un rythme agréable à nos journées.
Certains équipements incontournables de Sea to Summit ont réellement enrichi notre aventure :
- Sac étanche Big River Dry Bag : idéal pour garder notre matériel au sec dans la remorque.
- Sacs de couchage ultralégers Spark : légers à transporter et douillets quand les nuits sont fraîches.
- Tente Telos Bikepacking deux personnes : la meilleure ! Compacte et spacieuse, elle se range dans deux sacs étanches qui s’attachent facilement à la fourche avant du vélo. Elle est si grande que lorsqu’il pleut, nous pouvons même faire nos étirements quotidiens à l’intérieur !
- Matelas isolants ultralégers : faciles à gonfler, confortables et rapides à ranger.
- Set de 5 pièces pliables Frontier : parfait pour cuisiner avec plaisir, il se range facilement dans une sacoche.
- Sac compact Ultra-Sil : idéal pour faire les courses, transporter notre appareil photo et tous nos objets personnels. Plié, il est minuscule et permet d’optimiser l’espace dans nos paniers.

Jusqu’à présent, notre aventure à travers la France, l’Espagne et le Portugal a été vraiment merveilleuse. Nous avons savouré des moments précieux de connexion humaine, redéfini notre rapport au temps et à la distance et apprécié la liberté de pédaler côte à côte dans la nature chaque jour.
À bientôt pour une nouvelle mise à jour !
Laura @lauramaywilson13 et Ben @duck_whispering